Editorial
11h30, Centre d'Oran. La matinée se densifie et s'achève. Prêt·e pour une petite balade ?
Au détour d’une ruelle, une vitrine vous fait de l'œil.
On y voit des tissus aux nuances colorées ;
parfois opaques, parfois lumineuses, presque satinées.
Les motifs semblent vouloir vous raconter une histoire.
Traversez la rue, regardez-les de plus près.
Ce sont des foulards.
Du fond de la boutique, une dame vous aperçoit,
elle vous fait signe de la rejoindre.
Vous voilà dans une pièce chaleureuse et intime ;
un parterre carrelé, du papier peint beige et quelques portraits encadrés.
Sourire aux lèvres, elle se présente à vous :
« Bienvenue dans notre boutique. Vous pouvez m’appeler Beya ».
Son visage est tel un miroir.
La douceur des foulards en soie se reflète dans son regard.
Comme si, en eux, s’étaient ancrées des bribes de son histoire personnelle.
Sur chaque pièce exposée, on retrouve un peu d’elle.
Kan ya ma kan, fi kadim e’zaman
Beya vous narre son passé. Vous rêvez à ses côtés.
« Cette boutique est tenue par trois soeurs, trois femmes
qui la chérissent du plus profond de leurs âmes »
Elle partage son affection pour l'Oranie,
et l'amour de sa double culture, entre France & Algérie.
La boutique, les bains de soleil, la couture,
les réunions, les fêtes, la nourriture.
Et puis après, l'heure du déchirement, le départ.
L’exil et son grand brouillard.
Dans le creux d'une de nos mains,
Beya y dépose les clés du magasin :
« Désormais, il faudra se contenter de nos mémoires
Transmettez-les, narrez-les, sans jamais oublier. »
Beya symbolise l'identité, le matriarcat et la nostalgie.
En arabe, son nom signifie « grande dame »,
Sa voix est la vôtre, elle représente la puissance qu'ont toutes les femmes.
Rendez-vous femmage. Tissez vos récits. Portez La Makanerie.
Ecrit par Neïla Romeyssa